Aujourd’hui est une journée particulière. Celà fait 16 ans que Colin Mc Rae nous a quitté. Nous ne l’avons pas quitté. Certes les plus jeunes le connaissent essentiellement par le truchement de ses vidéo disponibles sur YouTube et bien évidemment la sphère des jeux vidéo. Je garde un souveir très attendri sur cette personnalité si atypique.
Pour ma part j’ai eu l’immense privilège de partager plusieurs moments avec cette légende du Rallye de façon plus fréquente lors de son switch vers Citroën aux côtés de Carlos Sainz et Sébastien Loeb il y a 20 ans cette année. Après ses années Ford, puis Subaru puis Ford de nouveau, Colin était resté le même passionné lors de son arrivée chez les rouges. Toujours souriant, tous ceux qui ont eu l’occasion de le côtoyer se souviennent d’un véritable gentleman. A cette époque la presse s’amusait de l’arrivée d’un « rosbeef » chez les « froggies ». Il n’était pas rare de côtoyer Colin dans les cuisines du stand Citroën, toujours prompt à gouter une des spécialités françaises. Il faut préciser que bien que britannique, Colin n’était pas anglais mais écossais. Sacré différence dans son approche…

Nombre de moments inoubliables avec ce puriste de la discipline. « Pour savoir où se trouve la limite, il faut la dépasser… » sorte de trait d’union entre les générations groupe A puis WRC et la nouvelle génération emmenée par Loeb et Solberg, Colin est réputé pour son attaque maximum et ses prises d’angle généreuses. Il était néanmoins l’un des premiers à avoir adopter une approche plus pragmatique de la discipline en voyant évoluer les chronos de ceux qui étaient alors les jeunes pousses.
Véritable pilote à part, Colin était un diable en spéciale et un vrai gentleman à la ville. Son flegme tout britannique faisait de lui une personne attachante et prenait plaisir à tout relativiser. Tant de souvenirs dont la plupart restent évidemment confidentiels. Juste un toutefois. En 2003 lors du Rallye de Finlande, j’étais aux côtés du grizzli Guy Frequelin dans son hélicoptère aux côtés du rédacteur d’Echappement dans le boucles de l’après midi. A l’assistance de mi-journée, le copilote de Colin: Derek Ringer pointe en avance, sanction 1 minute de pénalité. Le grizzli annonce tout de go en parlant de Colin: « soit il fait un scratch, soit il se crashe… » prémonitoire? Non, immense connasseur et fin psychologue, Guy aura pronostiqué juste: dans la 14 Colin signe le scratch puis P3 dans la suivante. Après une nouvelle assistance, retour sur les spéciales et Colin McRae se mettait dans les arbres à une vitesse estimée à plus de 165km/h dans la 16. L’hélico FIA récupérait Colin et venait le déposer à côté de celui du boss toujours au bord des spéciales.

Je me souviendrais toujours d’un Colin McRae embarquant au milieu du siège arrière à ma gauche, souriant comme de rigueur bien que penaud déclarant doctement au boss des rouges: « Sorry for the car Guy… »
Retour à Jyväskylä alors que le rallye continuait. Dimanche soir une fois l’arrivée et la victoire de Markko Martin célébrée, direction le centre ville de la cité étudiante finlandaise dans la rue principale (et piétonne) pour la traditionnelle fête de fin de rallye du Dimanche soir. Nous retrouvions alors Colin et Derek attablés chez le mexicain autour d’un guéridon déjà bien chargé (pas le seul d’ailleurs!) et Danos Elena (toujours au courant des bons coups) de me demander de sortir la bouteille de rhum ananas maison que je lui réservais et de faire goûter ce nectar tropical à Colin après de nombreuses bières… Ravi de découvrir une spécialité réunionnaise « beetween Madagascar and Mauritius », l’écossais déclarait sobrement (terme mal adapté s’il en est): « great one… » en tombant de sa chaise.
Ne vous méprenez pas sur cette petite anecdote. Colin était un vrai professionnel en course, humble, toujours à l’écoute, cherchant sans arrêt à faire du mieux possible…et redoutablement rapide et efficace. Sébastien Loeb a lui-même reconnu à de multiples reprises l’apport de Colin (et Carlos) dans sa construction professionnelle.
Mes pensées pleines de nombreux souvenirs et tous mes bons voeux vont à ses proches et sa famille. Colin est et restera une légende et un homme attachant.