Je vois nombre d’entre vous qui poussent des soupirs de soulagement. Et si l’avenir des sports mécaniques et au delà ,de la mobilité n’était pas condamnée au 100% électrique comme certains l’avance? L’actualité de ces derniers jours a clairement jeté un pavé dans la mare avec un « niet » clair des teutons quant au 100% électrique à l’horizon 2030.
Je le dis, le répète, le martèle: les sports mécaniques sont un laboratoire indispensable aux nouvelles technologies. Malgré leurs détracteurs pétris d’idéologie (donc hors sol) les sports mécaniques sont au minimum un « mal nécessaire ». Demandez donc au moindre bobo crachant son fiel trop rapidement comment ont été viabilisées et validées toutes les technologies hybrides, tous les organes de sécurité moderne, tous les nouveaux alliages plus respectueux, tous les nouveaux carburants « green friendly », tous les nouveaux pneumatiques issus de filières de recyclages et recyclés parfois à 98% comme en Formula E?
Tous ces nouveaux outils ont été validés par la compétition. Durant les compétitions de haut niveau, les usines vérifient et valident sous contraintes maximales des technologies théoriques. Durabilité, fiabilité, sécurité sont passés au crible en compétition. C’est un laboratoire! Le bobo vous répondra peut-être mais pourquoi des compétitions « amateurs » polluantes etc etc…La réponse est financière: les marges réalisées par les usines qui vendent des produits dédiés à la compétition sont reversées aux départements recherche et développement en vue de produire de nouvelles technologies. Le sport mécanique amateur co-finance la haute technologie des constructeurs à vision verte. Là aussi c’est un « mal nécessaire » au delà de l’aspect sportif et émotionnel.
Alors que certaines séries sont concentrées sur l’hybride et le 100% électrique, d’autres travaillent d’arrache pied sur l’hydrogène. Le Extrem E qui démarre ce week end à Neom envisage techniquement une déclinaison hydrogène de ses pick up. L’ACO est porteur d’un projet hydrogène avec la voiture laboratoire H2O…

Toyota Gazoo Racing, le département sportif du premier constructeur mondial pousse le curseur encore plus loin. Dans ses essais au Japon en compétition, la Toyota Corolla lors des compétitions Super Taikyu (tests de résistance) évoluaient avec des moteurs à combustion interne alimentés par de l’hydrogène gazeux.
Il y a un an en Mars 2022, TGR annonçait au Speedway de Suzuka lors du lancement de saison un projet basé sur l’hydrogène liquide. Trois mois plus tard, le constructeur présentait ses premiers prototypes lors du rassemblement de Fuji. Le 23 Février de cette année, Toyota faisait rouler pour la première fois son nouveau concept en course devant du public avec une voiture confiée à Masahiro Sasaki. L’hydrogène liquide a besoin d’être validé par la compétition sur énormément d’aspects. L’hydrogène doit être conservé à -253°C pour être liquide. Cette contrainte physique a visiblement été réglée par TGR même sous des contraintes de fonctionnement importantes. Les ravitaillements et le stockage impliquant des risques de vapeurs est également en voie de viabilisation par la compétition.
Les intérêts du liquide par rapport à l’état gazeux sont importants. A l’état gazeux, l’H2 est stocké à des taux de pression faramineux, jusqu’à plus de 70MPa. Les contenant sont par essence (aucun jeu de mot ici) cylindriques et les stations de ravitaillement par le biais de stations mobiles pour le moins dispendieux en surface. Les réservoirs doivent être évidemment pressurisés. Il reste énormément de contraintes à solutionner et l’exercice des sports mécaniques permet d’avancer sous des contraintes extrêmes que le monde civil ne rencontrera probablement jamais.
Le pilote en charge des essais Masahiro Sasaki précisait: « Dans un monde où personne n’a jamais vu des températures de -253 °C, nous nous battons pour définir une technologie qui semblait impossible à aborder avec une voiture. Il reste encore un certain nombre de problèmes à résoudre, mais nous aimerions fournir des solutions aux véhicules civils grâce à un développement agile sur les sites de courses, comme nous l’avons fait avec l’hydrogène gazeux.«

La gestion de la vaporisation dès que la température dépasse -253°C en est un des clés. Un des avantages de l’état liquide est également la possibilité de ravitailler plusieurs véhicules successivement contrairement aux voitures évoluant à l’hydrogène gazeux. Le transport de l’hydrogène est également simplifié avec moins de volume utilisé avec la liquéfaction. Vous l’aurez compris, les amateurs de moteurs à combustion interne sont loin d’être sacrifiés et même si le travail de développement du fait des contraintes techniques reste important, Toyota pose un nouveau jalon de solutions durables avec des « voitures qui font du bruit » en compétition et un reversement à terme dans le monde civil…Qui peut le plus, peut le moins!