Poser des statistiques permet de tirer quelques enseignements quant aux fores en présence pour cette saison 2023. Toutefois, il convient de relativiser ces chiffres. En effet; il s’agissait de la première confrontation terre de la saison et les positions sur la route relativisent profondément certaines données.
Par ailleurs le Mexique a cette particularité de présenter des tracés particulièrement variés au coeur même d’un seul tracé et le delta provoqué par les variations d’altitude a également tendance à lisser le fonctionnement de la cellule thermique du moteur. Néanmoins, certains faits sont indéniables en ce qui concerne le duel Hyundaï/Toyota du fait de la lutte incessante à laquelle se sont livrés Evans et Neuville. Concernant Ford, il faudra attendre…

Meilleurs temps pilotes
Thierry Neuville est le meilleur performer sur cette épreuve. Evidemment son compteur s’est décoincé à partir du Samedi uniquement du fait de sa position d’ouvreur le premier jour, handicapant sérieusement les pilotes de pinte (à l’exception de Tanak qui s’imposait dans les deux spéciales spectacle du Jeudi soir disputées sur asphalte). Esapekka Lappi possède un ratio très costaud. Avant d’avoir abandonné dans ‘ES11, il aura disputé donc 10 spéciales en signant a moitié des chronos au cours de la première étape. Certes sa position sur la route était un avantage mais pas plus que pour Ogier. Il était d’ailleurs en tête. Sa sortie est sans doute consécutive à un manque d’expérience concernant le rythme safety à adopter. A ce petit jeu, Ogier est clairement un ton au-dessus. Octuple Champion du Monde il s’était imposé à six reprises sur cette épreuve et maîtrise parfaitement la gestion de course et de l’effort. Ogier possède également 5MT signés à chaque fois dans les deuxièmes boucles (hors ES11) et notamment la power stage qui le gratifiait de 5 points bonus au championnat.

Pos | Pilote | Monture | MT | ES |
1 | Thierry Neuville | Hyundaï i20 WRC1 | 6 | 12,13,14,17,20,22 |
2 | Esapekka Lappi | Hyundaï i20 WRC1 | 5 | 3,5,6,8,9 |
3 | Sébastien Ogier | Toyota GR Yaris WRC1 | 5 | 4,7,11,16,23 |
4 | Ott Tanak | Ford Puma WRC1 | 4 | 1,2,18,19 |
5 | Dani Sordo | Hyundaï i20 WRC1 | 1 | 10 |
6 | Elfyn Evans | Toyota GR Yaris WRC1 | 1 | 21 |
Ott Tanak présente des stats difficiles à interpréter. Néanmoins, il était immédiatement en action le Jeudi soir sur asphalte puis était confronté à des problèmes de turbo lors de la première spéciale du Vendredi (12 minutes de retard), le contraignant alors à balayer la trace les jours suivants juste après ses coéquipiers moins véloces et précis en trajectoire Loubet et Serderidis. Ott Tanak est un warrior et n’a jamais rien lâché en faisant le job et s’impose également dans les courtes spéciales spectacle du Samedi soir. Il ne sera surclassé dans la Power stage (alors qu’il profitait cette fois d’un balayage supplémentaire de quelques WRC2) que par Ogier. L’estonien prouve ainsi son caractère. Il ne s’est jamais laissé aller au désespoir.

Petite déception en ce qui concerne Evans. certes il annonçait avoir été confronté à des soucis de suspensions le Dimanche matin (en signant tout de même le temps scratch dans la 21 ?!) mais ne semblait pas en mesure de surclasser à la régulière son concurrent principal Neuville. Elfyn que certains annonçaient favori début 2022 semble ne pas parvenir à franchir le plafond de verre malgré l’engagement réel qu’il met dans la bataille. Honnêtement le gallois n’a pas semblé au top sur ce Mexique. Enfin, malgré un temps scratch dans la 10, Dani Sordo signe de précieux points pour son écurie mais était dans le ventre mou sur la route sans jamais sembler en mesure de se battre devant.
Trois pilotes auront occupé le haut des feuilles de classement successivement: Tanak le Jeudi, Lappi le Vendredi, Ogier du Samedi au Dimanche.
Leaders successifs:
- Ott Tanak (Ford) ES1&2
- Esapekka Lappi (Hyundaï) ES3 à 10
- Ogier (Toyota) ES11 à 23 (arrivée)
Chez les constructeurs
En ce qui concerne le niveau de performance des voitures, l’équation est plus lisible bien qu’il faille toutefois relativiser quelque peu. Dès l’abandon de Lappi, et compte tenu des écarts engrangés le premier jour par rapport au reste de la meute, Ogier passait instantanément en mode safety se contentant de gérer son avance. Il donnait toutefois un coup de collier dans la 16 pour rappeler à tous qu’il en avait sous le pied, faisant monter son avance à 36s8 face à son coéquipier alors dauphin Evans.
Pos | Voiture | MT | ES |
1 | Hyundaï i20 WRC1 | 12 | 3,5,6,8,9,10,12,13,14,17,20,22 |
2 | Toyota GR Yaris WRC1 | 6 | 4,7,11,16,21,23 |
3 | Ford Puma WRC1 | 4 | 1,2,18,19 |
Hyndaï enquise deux fois plus de meilleurs temps que Toyota. Une fois encore le niveau intrinsèque de Ford est difficile à lire même si l’on peut supposer que la Puma n’est pas si loin du compte avec un delta relativement faible compte tenu de la position d’ouvreur de leur top pilote Tanak.

Pour résumer, ces statistiques emmènent un premier niveau de lecture à prendre en compte même si le Portugal devrait être plus parlant sur la terre. En ce qui concerne la prochaine manche en Croatie, l’asphalte devrait permettre de mettre en lumière la vitesse pure des voitures à condition que les conditions soient sèches. En effet, en cas d’humidité les positions sur la route seront une variable supplémentaire, les premiers étant privilégiés.